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Catherine Briard

Après avoir vécu mon enfance et mon adolescence dans un village du namurois, sur les rives de la Meuse, j’arrive à Bruxelles  à l’âge de 18 ans. Je commence l’Histoire de l’art, tout en étant invitée, par Claude Etienne et Martine Renders, à travailler comme étudiante au Rideau qui se préparait alors à souffler ses 40 bougies.

Bruxelles nourrit mes passions pour le théâtre, la danse et l’opéra : Gérard Mortier fait sa révolution à la Monnaie et Maurice Béjart s’exile. Bruxelles, c’est aussi le temps de l’apprentissage de l’art contemporain. J’arpente les musées, les galeries, les bibliothèques, les librairies, pendant quatre années passionnantes où je vais à la rencontre d’artistes-plasticiens avec qui l’échange au présent permet d’explorer et mettre en lumière les processus de la création. Au final de ce parcours, il y a un mémoire de licence intitulé « Les boîtes dans l’art contemporain belge » qui, en plus d’une étude historique sur le statut la boîte dans l’art du XXème siècle (Marcel Duchamp, Joseph Cornell, Louise Nevelson, …), présentait le travail d’artistes belges contemporains, celui d’Edith de Vries, Camiel Van Breedam et d’autres encore. Un mémoire couronné en 1987 par le Prix Isabelle Masui et le Prix de l’Académie Royale de Belgique de la classe des Beaux-Arts.

Mon beau diplôme en poche, je m’envole pour New York, la Ville dont l’énergie et le patrimoine architectural et muséal vont m’enchanter, mais pas au point de me faire oublier le Rideau qui, dès octobre 1986, m’avait conviée à rejoindre son équipe administrative de manière permanente. J’avais dit oui au Rideau, alors New York, ce serait pour une autre destinée…

Au Rideau, j’ai donc travaillé de 1982 à 1986 à différents jobs étudiant. Ça c’était avant les ordinateurs. Octobre 1986, la vraie vie commence : guidée par Martine Renders, j’ai d’abord été documentaliste jusqu’en 1992. J’ai aussi été chargée du service de presse jusqu’en 2007 et ce que j’ai le plus apprécié dans cette mission, c’était de contacter les journalistes, les motiver, leur parler des spectacles avec enthousiasme et efficacité, en un mot comme en cent les mettre en appétit. En tant qu’attachée de direction, de 1992 à 2007, j’ai créé des projets éducatifs pluridisciplinaires accompagnés d’exposition (Erik Satie, Janusz Korczak). J’ai organisé les synergies entre le Rideau et le Service de la Promotion des Lettres (les Jeudis littéraires, renommés les Jeudis Lire), entre le Rideau et le Palais des Beaux-Arts (« Musique et Poésie » en collaboration avec Christine Gaspar, la performance « La remise d’Oscar » de Thierry Lefèvre jouée dans l’exposition « La Belgique visionnaire, c’est arrivé près de chez vous » de Harald Szeeman), entre le Rideau et d’autres institutions du Mont des Arts (Archives et Musée de la littérature, Cinematek, Musées royaux des Beaux-Arts), entre le Rideau et l’ONG RCN Justice & Démocratie.

Le théâtre me fascine parce qu’il crée des liens, parce qu’il fait écho et rayonne bien au-delà la salle où se jouent les spectacles. Parce qu’il est lieu de rencontres enrichissantes et porteuses de sens. Parce qu’il est ferment de démocratie et outil pédagogique. Parce que le théâtre est d’essence poétique et se vit dans l’instant de la parole et des corps qui s’expriment sur un plateau. Parce qu’il s’agit d’Art, une dimension de l’existence tout aussi vitale que l’oxygène qu’on respire.

Depuis l’arrivée de Michael Delaunoy à la direction artistique du Rideau en 2007, je l’ai accompagné avec Martine Renders dans l’élaboration des projets artistiques et infrastructurels du Rideau. Janvier 2012, me voilà devenue Secrétaire générale : je partage avec Michael, aujourd’hui Directeur, la responsabilité de la gestion du Rideau. Une mission à hauts risques en ces temps économiques moroses et dont l’objectif premier est de reloger au plus vite notre théâtre dans un lieu permanent. Alors le risque, c’est aussi ce qui met les neurones en ébullition. C’est ce qui motive nos équipes à se surpasser en créativité et je les remercie de leur vitalité à toute épreuve. Le risque, c’est un moment fort comme le Yang. Et ce n’est pas fait pour me déplaire.

Mais je garderai aussi à l’esprit qu’il faut entretenir des parcelles Yin, préserver des temps de réflexion, de mises au vert pour le corps et l’esprit, d’échanges entre amis, et des moments privilégiés avec ceux que l’on aime le plus au monde. Autant de haltes fécondes grâce auxquelles s’épanouit encore et encore mon insatiable goût de vivre les tumultes du théâtre, en cette époque où l’on ne cesse de passer d’un challenge à l’autre. Et heureusement d’une création à l’autre.

Alors au plaisir de vous accueillir souvent et très nombreux au Rideau.

 

mai 2012

© signélazer
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