J’ai seize ans quand je commence à « faire du théâtre » à l’école, à la fin des années quatre-vingts, et ça change ma vie. Dans les mois qui suivent, je vois Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset dans la mise en scène de Philippe Sireuil ; Bernard Yerlès et Christian Hecq dans Le Songe d’une nuit d’été de William Shakespeare mis en scène par Michel Dezoteux ; Yves Hunstadt dans Gilbert sur scène et La Tragédie comique. Je découvre que le théâtre, ce n’est pas un vieux machin patrimonial que l’on regarde en toussotant, mais un art vivant qui, comme le cinéma, la bande dessinée, la littérature, la musique, l’art, s’adresse à moi, ici et maintenant.
Ensuite, ce sont des études de lettres, des études théâtrales, beaucoup de théâtre pendant mes années d’université : j’écris, je mets en scène, je joue, je ne me souviens plus comment je faisais à l’époque, je crois que je ne dormais pas. Puis ce sont sept spectacles avec des adolescents dans une école bruxelloise, puis l’écriture de quatre pièces pour la Scène aux ados – comme pour payer ma dette.
En 2006, j’écris et co-mets en scène, avec Guillaume Istace, Modèle vivantdans le cadre du Festival Enfin seul, à L’L, puis au Méridien. Un jour, Jérôme Nayer met la main sur un western qui traîne dans mes cartons depuis cinq ans – un western au théâtre, ça ne fait pas très sérieux, on se dit que ça n’intéressera personne. Alors, prenant son courage à deux mains, Jérôme monte Hors-la-loi à l’Atelier 210 en décembre 2010 – et là, surprise, on réalise que le western intéresse plein de gens. Le spectacle est programmé au Théâtre des Doms en 2011 et tourne en Belgique, en France et en Suisse. C’est pour ce texte que je reçois le Prix du meilleur auteur en 2011 aux Prix de la critique, mais aussi le prix Sony Labou Tansi des lycéens et le prix Ado du théâtre contemporain en Picardie.
En 2008, au retour d’un voyage au Costa Rica, je me penche sur dix ans de voyages en Asie et en Amérique latine et sur ce qu’il reste en moi de l’esprit d’aventure. J’entame l’écriture de La Vraie vie.