PETIT VARIA   20 > 28.05

Avec Geoffrey Boissy, Adrien Desbons, Jessica Fanhan, Sylvie Landuyt, Frédéric Lubansu, Charlotte Villalonga et Ruggero Catania

Je suis amoureuse d'un homme
qui n'existe pas

Comédienne, auteure, metteure en scène, Sylvie Landuyt déploie une énergie communicative dans tout ce qu'elle entreprend. Elle nous offre en une soirée un diptyque consacré à la figure de Don Juan.
Le premier volet confronte Molière, Tirso de Molina ou Mozart à son écriture personnelle et brouille les cartes du mythe. L'éternel séducteur n'est plus sur le devant de la scène : il sert de révélateur aux pulsions et aux désirs féminins. Dans le second volet, Sylvie Landuyt invite les spectateurs à explorer l'univers fantasque d'une jeune femme douée de polymorphie. Une femme nouvelle – toujours la même, toujours une autre – dont on ne se lasserait pas.

Deux propositions fortes qui tiennent à la fois de la danse, de la performance, du théâtre et du rock.
 

ME 21 MAI
Avec Sylvie Landuyt et l'équipe de création (après le spectacle).

Conception & Mise en scèneSylvie Landuyt / Assistante, oeil extérieur Anaïs Pellin / ScénographieVincent Bresmal / Lumières Guy Simard / Création sonore Ganja White Night, Benjamin Bayeul & Charlie Dodson / Coatching mouvement Edith Depaule

Création du 1er volet au manège.mons le 23 octobre 2012.
Coproduction Rideau de Bruxelles / le manège.mons / Bad Ass Cie. Avec l'aide du Centre des Arts scéniques. En partenariat avec le Théâtre Varia. Le texte du spectacle a été écrit en résidence à la Chartreuse Villeneuve-lez-Avignon, avec l'aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

DES REGARDS DE FEMME

Placer Don Juan non dans l’acte de séduction victorieux mais dans la manière dont les femmes sont susceptibles de considérer celui qui se fait aimer, désirer et se réalise dans l’infidélité.

Il y a des romans qu’on dévore avec passion pour l’histoire qu’ils racontent. Il y a des essais universitaires sur lesquels on se penche avec intérêt et curiosité parce qu’ils révèlent des choses qu’on n’avait pas vues ou comprises. Le travail de Sylvie Landuyt appartiendrait plutôt à la deuxième catégorie.

Puisant chez Tirso de Molina, Molière, Hoffmann, Barbey d’Aurevilly et Mozart, elle cherche à montrer les femmes que Don Juan a séduites, celles qui, au théâtre, n’ont pas eu la parole pour exprimer leur ressenti. Elle le fait à partir d’un travail de fragmentation lui permettant de remettre en cause le connu lénifiant.

Elle en appelle à la musique, celle de Mozart, celle de Bang bang la chanson de Sony Bono, des sonorités contemporaines plus grinçantes. Elle en appelle aux mots et surtout aux corps. Les paroles ont une importance moindre que l’espace qui sépare ou rapproche les êtres, que les quelques éléments qui viennent constituer un décor ponctuel.

Alors que l’homme qui incarne le mythe demeure souvent au lointain, sur un praticable lui donnant une position dominante et nanti d’une impressionnante collection polychrome de chaussures à talon haut, les autres se partagent l’espace scénique. Les séquences se succèdent, enchaînées. Elles ont un aspect chorégraphique. Elles placent les femmes en position et état de sculptures. Elles déclinent des affrontements hétérogènes et ne dédaignent pas des silences chargés de sens.

Ainsi apparaissent de la sensualité, de l’érotisme, de la tendresse, de la violence. Face au plaisir pour Don Juan de duper des femmes, se lisent chez elles des désirs d’absolu aussi bien que de jouissance éphémère, des manques douloureux, des intervalles entre acceptation ou refus d’ambivalence sexuelle, des élans de prières et des rites païens.

Sans pour autant dédaigner le pouvoir des mots. Ils sont là dans les extraits d’auteurs choisis. Là encore quand ils établissent l’inventaire des qualificatifs applicables à la gent féminine. Verbe et images parcourent la vie, la mort, la passion, la jouissance, la douleur pour un inventaire coloré.

Michel Voiturier © www.ruedutheatre.eu
à l'occasion de la création au Manège.mons en octobre 2012.