C'est au printemps de l'an 2000, lors d'une répétition de théâtre où j'avais l'honneur de lui donner la réplique, que j'ai fait la rencontre de Violette Chauveau. Bien sûr, je savais très bien qui elle était. En tant que jeune acteur à Montréal, je l'avais déjà observée sur scène maintes et maintes fois mais ce jour-là, je ne pouvais m'empêcher de la fixer des yeux. Je la connaissais de réputation. Son sens du comique, sa grande sensibilité, sa fougue et sa force de caractère donnèrent vie à de nombreux personnages qui encore aujourd'hui me reviennent en mémoires et allument mon esprit. Que ce soit pour des créations sous la gouverne de Robert Gravel au nouveau théâtre expérimental où elle fût à la fois l'intellectuelle et déjantée Elizabeth de Durocher milliardaire en 1991 ou Thérèse, la directrice de théâtre alcoolique et perverse de Thérèse, Tom et Simon en 1996-97, sa déroutante facilité à souligner les travers de la société sans jamais tomber dans la caricature faisait écho à la poignante vérité de son interprétation. Ce même sens de la comédie lui valût d'être finaliste à la soirée des masques pour La serva amorosa de Carlo Goldoni au T.N.M. en 1997 et pour Le traitement de Martin Crimp en 2006. Depuis sa sortie du Conservatoire d'art Dramatique de Montréal, son parcours la mène à travailler autant chez elle au Québec qu'à l'étranger soit au Théâtre Varia de Bruxelles ou bien au Théâtre du peuple de Bussang, sous la direction de Vincent Goethals. Plus d'une soixantaine de pièces de théâtre dans un répertoire aussi vaste que diversifié. De Thomas Bernhard, Racine, Euripide, Beaumarchais, Feydeau, Molière et Ionesco à Michel Tremblay, Wajdi Mouawad, Sébastien Harrisson, Olivier Choinière, Carole Fréchette, Evelyne de la Chenelière, Violette aime prendre vie autant par le classique que la création artistique la plus éclectique. De la scène au grand écran. Dans L'âge des ténèbres de Denys Arcand en 2007 ou bien dans Laurence Anyways de Xavier Dolan en 2012, partout je ne voyais qu'elle. Un soir de janvier 2015 pendant la tournée de Une vie pour deux d'Évelyne de la Chenelière, tirée du roman de Marie Cardinale et mis en scène par sa fille, Alice Ronfard, mon coeur a flanché et c'est alors que, les yeux baignés de larmes, j'ai assisté à la plus belle déclaration d'amour qu'il m'ait été donnée de voir. Ce soir, vous serez témoin de sa richesse de coeur et d'esprit et quelque part, à Montréal, au Québec, au Canada, il y a moi qui vous envie de la savoir près de vous et par le fait même, vous en veux un peu de me séparer d'elle, que j'aime en secret depuis plus de 16 ans et avec qui je partage ma vie, depuis plus d'un an.

Bonne et belle rencontre à vous... maudits chanceux !

Danny Gagné


Mise en ligne 06/04/2016

Liste des spectacles créés, représentés et accueillis en Belgique francophone auxquels l'artiste a participé.