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On plonge, avec "Loin de Linden", dans l'histoire de la Belgique, avec ses hiatus, tout comme dans celle de deux familles, deux façons de vivre. Pour incarner ces femmes quasiment adversaires, cristallisant l'altérité, et dont pourtant affleurent les paradoxales similitudes, Giuseppe Lonobile ne pouvait mieux choisir que Véronique Dumont et Valérie Bauchau – étincelant toutes deux dans des compositions à la fois typées et ciselées en nuance.
Le trio porte avec finesse le texte sensible et très personnel de Veronika Mabardi. La Libre Belgique
Valérie Bauchau est juste en son comportement de bourgeoise engoncée dans ses conventions sociales méprisantes ; Véronique Dumont est impayable dans sa spontanéité de femme de la campagne flamande pratiquant plus le patois que le français. Ce qui ajoute à l'histoire une dimension communautaire qui pose clairement le problème de toute coexistence de classe, de mentalité, de croyances et donne à la pièce de Veronika Mabardi une dimension universelle.
Rue du Théâtre
Un petit-fils convoque ses deux grands-mères car il désire comprendre enfin ce qui se passa lorsque, venant de deux milieux diamétralement antagonistes, elles ses sont rencontrées pour la première et dernière fois.
Le lieu est nu. Une table et des chaises posées sur un carrelage en damier noir et blanc indiquent une cuisine. Le reste sera à charge des éclairages pour cerner l'endroit de la confrontation et son
atmosphère. L'optique envisagée par le metteur en scène constitue un subtil mélange de réalisme, de distanciation, de mise en abyme. Elle n'a de cesse en effet, de passer de la fiction à la réalité, du présent au passé en une sorte de va-et-vient permanent dans lequel la salle est discrètement prise à partie. Dès l'entrée existe un lien de connivence entre les deux comédiennes et le metteur en scène qui est aussi leur unique partenaire. On les perçoit s'interrogeant sur la manière de jouer leur rôle. Et soudain, voici que Valérie Bauchau et Véronique Dumont deviennent les mamies de 1960 tandis que Guiseppe Lonobile laisse provisoirement en coulisses sa fonction d'orchestrateur scénique pour incarner le petit-fils. La crédibilité des personnages s'en trouve renforcée. D'autant que les deux interprètes rendent palpable ces deux dames en affrontement contraint puisque leurs enfants ont décidé de se marier. C'est-à-dire, pour l'un comme pour l'autre, former un couple socialement mixte. Le futur mari venant d'une famille de nantis. La fiancée appartenant à la classe des petits prolétaires au service
des possédants. Et ce ne sera ni le revers financiers des premiers, ni l'épargne accumulée des seconds qui rendront le rapprochement plus facile aujourd'hui qu'il y a un demi-siècle.
L'acuité du vivre ensemble
L'intrigue est là, simple, évidente. Chaque aïeule déballe ce que fut sa vie, sa mentalité, sa culture. Les étapes de l'existence, les réalités du quotidien s'expriment un peu à la fois, révélant deux mondes incompatibles. L'un est habité d'une espèce d'abnégation fataliste, l'autre hanté par une certitude assez hautaine. Se dévoile donc une forme de cohabitation de classes sociales sans envisageable possibilité d'intégration. Avec minutie, les détails s'accumulent, traçant le très précis portrait de deux modes de vie imperméables. Se dessine alors un portrait-robot des moeurs d'une époque que le petit-fils désire absolument connaître.
Valérie Bauchau est juste en son comportement de bourgeoise engoncée dans ses conventions sociales méprisantes ; Véronique Dumont est impayable dans sa spontanéité de femme de la campagne flamande pratiquant plus le patois que le français. Ce qui ajoute à l'histoire une dimension communautaire qui pose clairement le problème de toute coexistence de classe, de mentalité, de croyances et donne à la pièce de Veronika Mabardi une dimension universelle.
Michel Voiturier © www.ruedutheatre.eu - Publié le 5/07/14
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