jacques prévert
« Deux et deux quatre », scandent les enfants des écoles mais on sait qu’avec Jacques Prévert cela fait bien plus que quatre. Poète, scénariste, dialoguiste, auteur de chansons créées par Marianne Oswald, Yves Montand ou Juliette Greco, Prévert était aussi homme de théâtre et auteur de collages insolites. Tendre ou révolté, toujours drôle, Prévert n’a cessé de célébrer la vie.
Jacques Prévert est né en 1900 à Neuilly-sur-Seine dans une famille petite-bourgeoise, il a reçu une éducation catholique. Toute sa vie il combattra le conformisme, le cléricalisme et le militarisme. Élève, employé ou conscrit, il a rué dans les brancards. Au service militaire, il rencontre Marcel Duhamel et Yves Tanguy, futur peintre. Ensemble, ils participent au mouvement surréaliste. C’est sous sa plume que naît le cadavre exquis. Il se fâche avec André Breton « parce qu’il avait une idée un peu drôle de la liberté des autres. » Il se réconciliera plus tard. Henri Michaux, Léon-Paul Fargue, Saint-John Perse soutiennent sa poésie et la publient dans leurs revues.
Prévert fonde « Le Groupe Octobre » (1932), troupe d’agit-prop pour laquelle il écrit pendant cinq ans de nombreux sketches satiriques et pièces de théâtre engagé. Avec son frère Pierre, il travaille pour le cinéma, ses scénarios et dialogues se multiplient pour Renoir d’abord, pour Carné ensuite (Crime de Monsieur Lange 1935, Drôle de Drame 1937, Les Enfants du Paradis 1943, Les Visiteurs du Soir 1945…). Pendant la guerre, il rencontre Joseph Kosma. On connaît la suite… Le recueil de poèmes Paroles paraît en 1945 et est aussitôt un succès de librairie. Branle-bas de combat est créé au cabaret « La Rose Rouge » en 1950 avec Jacques Dufilho et Les Frères Jacques, dans des décors de Serge Creuz. Suivent d’autres pièces pour « La Fontaine des Quatre-Saisons », cabaret-théâtre dirigé par son frère. Écrits, commentaires des œuvres de Miro, Calder, collages se succèdent jusqu’à sa mort en 1977.
Biographie établie avec l’aide du Magazine littéraire n°155 décembre 1979
joseph kosma
Quand Joseph Kosma intègre la bande à Prévert (Raymond Bussière, Francis Lemarque, Maurice Baquet...), le distingué élève de Bela Bartok dénote un peu avec ces « Titis parisiens ». Ce Juif hongrois a fuit le fascisme antisémite de son pays pour Berlin… Avec l’avènement d’Hitler, Kosma part pour Paris, il ne parle pas la langue et mange de la vache enragée. Sa femme, merveilleuse musicienne, donne des leçons particulières et lui tente d’intégrer le milieu du cinéma. Il rêve de composer des musiques de films. Prévert qui a travaillé avec Hans Eisler, le prend sous son aile et le fait travailler clandestinement dans ses films. Mélodies déchirantes, humour, élégance et airs populaires, ces variations hongroises s’accordent à merveille à l’univers du poète; qui par ailleurs ne comprend rien à la musique ! Naturalisé français en 1949, Joseph Kosma composera la partition de plus de 100 films (La bête humaine, La grande illusion, Une partie de campagne…). Il composa également des cantates, opéras, musiques de chambre et bien entendu les inoubliables chansons de Prévert et Kosma. Né en 1905 à Budapest, il décède en France en 1969.

| |