UN PARADIS
SUR TERRE
création
 
08 > 12.11
 
 
R+
ÉRIC DURNEZ
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Deux spectacles

Un paradis sur terre / Childéric

et une journée de fête le 11 novembre avec un des auteurs les plus attachants et les plus singuliers de la scène belge francophone.

 
 
 

marni
rue de Vergnies 25
1050 Bruxelles
Itinéraire

 
Réservation 02 737 16 01
 
tickets en ligne
 
Durée du spectacle : 01:10
 
auteur Éric durnez
mise en scène juan martinez
 
   
   
l'auteur  
   
Eric Durnez
© Emile Lansman

Pablo et moi
Pablo le peintre aurait dit : je ne cherche pas, je trouve.
Je dis : je ne trouve pas, je cherche.
Malgré moi je trouve quelque chose, jamais ce que je cherche.
C’est évident : si je savais ce que je cherche, je l’aurais trouvé et n’aurais plus le désir de chercher.
Tout est désir.
Que faire de ce que je trouve et qui n’est pas ce que je cherche ?
Que faire avec ce qui est à côté, en retrait, ailleurs, inopiné, incongru, parfois inacceptable, objet de rejet ?
Objet de rejet.

 
   

Je croyais écrire ci, j’ai écrit ça. Ce ça qui m’a échappé m’intéresse davantage que ce ci que j’ai cru maîtriser. Ce ça me fait peut-être entrevoir la lumière de ce que dit Pablo.

Depuis longtemps maintenant (disons longtemps à mon échelle d’humain), je bricole mon existence autour du projet d’écrire.
Il s’agit de trouver des arrangements avec les autres humains (disons la société), des compromis, des autorisations spéciales, des dérogations.
J’y arrive plus ou moins.
Mais tout de même, je passe beaucoup de temps à ne pas écrire pour avoir le droit de passer mon temps à écrire.

De toute façon, depuis que j’essaie d’être écrivain, j’ai désappris ce qui me permettrait d’être autre chose.
Et ce n’est pas à plus de cinquante ans, n’est-ce pas…

La phrase suivante de ce petit texte est alambiquée et ( alors que j’essaie de faire croire que je suis écrivain )je me sens soudain incompétent à la faire plus simple.
Pour perpétuer et non tuer mon désir d’écrire, je travaille à préserver en moi la faculté de jouir de la sensation de la première fois que je vis en écrivant, une sensation d’enfant.
Je suis un vieil enfant. Cela n’a pas que des avantages.
Mais ne nous plaignons pas.

Les écrits s’accumulent. Du fait de leur imperfection (disons du sentiment d’insatisfaction qu’ils me procurent), ils fouettent mon envie de m’y remettre, ils me confortent dans mon naïf espoir d’un jour approcher Pablo.

C’est ma vie.

Eric Durnez
Gaudonville, mars 2011