bienvenue à la maison – édito

Bienvenue à la maison, vous toutes et tous qui nous rejoignez.
Et puis bienvenue à toi, Maison de Théâtre.

Longtemps, le Rideau a habité un palais. Un palais doré.
Mais le Rideau ne s’y sentait pas vraiment chez lui. Les draps du lit étaient en soie, mais la soie était glacée. Quand le Rideau s’y glissait, il peinait à trouver le sommeil. Il songeait aux paroles du prince du palais : « Je t’aime, Rrrrideau (le prince roulait un peu les « r »). Tu es ici chez toi. Tu es la prrrrincesse de ce palais dorrrré ».
Même s’il était beau (et trrrrès riche), fallait-il croire le prince ? « Pourquoi, pensait le Rideau, ne partage-t-il jamais mon lit ? Suis-je vraiment la princesse du palais ? Ne suis-je pas plutôt la captive d’une prison dorée ? »
Ne sachant plus très bien qui il était dans cette histoire, le Rideau, un soir d’hiver, abandonna sur le grand lit froid sa robe de princesse et, nu comme l’enfant qui vient de naître, se faufila parmi les sombres corridors du palais. Jusqu’à la cuisine d’abord, où il s’empara d’une grande paire de ciseaux, puis jusqu’à la chambre du prince. Celui-ci, repu, ronflait comme un loir (ou comme deux loirs – était-il seul dans le lit ?). Avisant une grande armoire laissée entrouverte, le Rideau y plongea la main et parvint en tâtonnant à en extraire un des costumes du prince. D’un geste vif et précis, le Rideau taillada les habits du prince, qui ressemblaient désormais à ceux d’un vagabond. Il s’en affubla et, sur la pointe des pieds, quitta le palais doré pour ne plus y revenir jamais, partant au hasard sur les sentiers et les routes, comme Charlot à la fin de ses films.
Les jours et les nuits passèrent.
Fatigué de sillonner villes et campagnes, le Rideau se mit à frapper aux portes pour demander le gîte et le couvert. Durant quelques années, il vécut dans les maisons des autres qui, au fil du temps, devinrent ses amis.
Et puis, un jour de printemps, au petit matin, le Rideau poussa la porte d’une maison vide. Ceux qui l’avaient habitée étaient partis en voyage et n’étaient jamais revenus. Certes, ce n’était pas un palais. « Mais au fond, se dit le Rideau, c’est peut-être mieux qu’un palais ». 
Le Rideau posa son baluchon. Même si elle n’était plus chauffée depuis un moment, la maison était chaleureuse – bien qu’un peu fatiguée. Le Rideau s’endormit à même le sol et passa une nuit paisible.
Les jours et les nuits passèrent.
Un jour d’été, le Rideau retourna chez ses amis, leur demandant s’ils pourraient l’accueillir une fois encore. « Une dernière fois, c’est promis ». Et les amis acceptèrent. Parce que les amis sont comme ça. Le Rideau leur expliqua qu’il ne pouvait plus dormir dans sa maison parce qu’il avait demandé à d’autres amis, des artisans venus de l’Ouest, de l’aider à rafraîchir sa maison chaleureuse. Et c’est ce qu’ils firent, les amis artisans. Ils aidèrent le Rideau.
Ils sont comme ça, les amis.
Et puis là, on y est.
Bienvenue à la maison.
Et merci, les amis.

Michael Delaunoy
Directeur

 

une Maison de Théâtre pour les nouvelles écritures

Pour la première fois depuis plus de 75 ans, le Rideau dispose d’une maison adaptée à son projet artistique spécifique.

Scène de référence des nouvelles écritures, le Rideau est à l’écoute des pratiques scéniques pluridisciplinaires.
Parallèlement à son travail de production, il offre, en partenariat avec le Centre des Écritures Dramatiques Wallonie-Bruxelles, un soutien aux autrices et auteurs à travers un dispositif conséquent :
– accueil de deux artistes associés qui mettent en scène leur propre écriture : Céline Delbecq et Axel Cornil,
– organisation du RRRR FESTIVAL (3e édition cette saison),
– bourse d’écriture Claude Etienne, qui soutient les écritures émergentes,
– ateliers d’écriture,
– lectures publiques,
– soutien à l’édition de textes à travers un label Rideau chez Lansman Éditeur,
– participation aux Lundis en coulisse, coordonnés par Silvia Berutti-Ronelt.

Enfin, la Liseuse, comité de lecture du Rideau, mène un travail de fond, nourrit la programmation, facilite la mise en réseau et révèle les écritures de demain. Vous souhaitez soumettre un texte à La Liseuse ? liseuse@rideaudebruxelles.be