LE GRIS

reprise

 
25.11 > 12.12
 

Durée : 01:30

 

 

auteurS giorgio Gaber & Sandro Luporini
MISE EN SCENE pietro pizzuti
 
   
   

Car on a tous besoin d'un ennemi

Ennemi salutaire, "Le gris" vient ronger nos vies.
Nuancé, puissant et intérieur, Angelo Bison livre un remarquable seul en scène. Au Rideau.


(...) Poète, musicien et chanteur anticonformiste, Gaber s'est uni au peintre Sandro Luporini, influencé par Morandi, pour écrire "Il grigio" ("Le gris"). Aux commandes, Pietro Pizzuti. A la barre, Angelo Bison. En point de mire, le passage des frontières.

Incarné par le tranquille Angelo Bison, qui se dévoile au fil du spectacle, le héros du jour, qui, pourtant, rêvait de solitude, va rencontrer, ou s'inventer, un cohabitant. Parce que, dit le texte, "on ne peut pas vivre dans ce refroidissement de l'âme. C'est pour cela qu'on a besoin d'un ennemi, même imaginaire".

Nuancé

Il sera donc gris. Gris comme le rat qui gratouille, qui chatouille et qui dégoûte. Commence alors un dialogue entre la bête et l'humain. A celui qui sera le plus malin. Entre les réflexions du comédien, qui livre un seul en scène remarquablement nuancé, et les dialogues imaginaires avec le nouveau locataire, la pièce prend corps, s'élève en tonalité et s'achève en duel impitoyable. "Rongeur d'âme, tu as été sublime, génial..." Avant de tirer sa révérence sur un appel à plus d'indulgence.

D'abord intérieur, Angelo Bison diversifie ensuite sa palette de comédien, explosant parfois, mais ne forçant jamais le trait. Epurée et décalée, la mise en scène de Pietro Pizzuti rythme le spectacle à sa juste mesure, joue des ombres, des éclairages et laisse s'imposer la musique contemporaine à quelques moments clés du spectacle. Bison est, en effet, moins seul qu'on le croit.

Derrière lui, des musiciens et compositeurs, Sébastien Boisseau à la contrebasse et Jean-Yves Evrard à la guitare. A la direction, aux chants et percussions, Olivier Thomas. Tous trois distillent la force évocatrice de la musique pendant que d'autres images se mêlent aux mots au coeur de l'inconscient collectif (...)

Laurence Bertels © La Libre Belgique 28/09/2007



top

 

Gaber et Luporini les rongeurs d’âme

 

La création en langue française du monologue italien « Le Gris » est une découverte savoureuse.

(...) Pour Il Grigio, Pizzuti a reconstruit en français (avec Kathleen Dulac) tout le suc d’une langue qui sonne, chante, rit. Il l’a portée sur le plateau à la mesure de Bison, capable de vous inventer à lui seul un monde virtuel qui grouille sur une scène vide. La scénographie a enserré la scène de deux parois obliques, grises, lisses, soyeuses, que la lumière (et les ombres) de Marc Lhommel transforme et habite. Espace mental, espace de fantasmes pour une fable, avec morale obligée, aussi drôle que cynique, avec aussi un soupçon de mystérieuse angoisse qui lorgne vers Kafka. Pas de taupe, pas de cafard, mais un rat.

C’est lui, Le Gris, comme l’appelle le droguiste. Ce rat, qui empoisonne la retraite que voulait le héros pour ne penser qu’à son travail, à son être, c’est « le gris », la part moche, vile, médiocre, hypocrite, tapie en l’homme, le gris, c’est son « rongeur d’âme ». Le nier, le tuer ? Non, l’affronter, pour coexister… Un corps-à-corps pour le bilan d’une vie, sinon de l’humanité entière, dans un monde dont Dieu hait les hommes et un espoir aussi pour mieux repartir, fragile.

Epique et franchement drôle

(...) Angelo Bison, conteur et acteur virtuose que Pietro Pizzuti guide hors de tout sur-jeu, autour, dans et sur… un seul fauteuil de bon vieux cuir usé et confortable, excelle à créer une sorte de complicité avec les spectateurs, sans démagogie.

Il n’est pas réellement seul sur le plateau. Trois musiciens – Jean-Yves Evrard, Sébastien Boisseau et Olivier Thomas (guitare, contrebasse et chant) se faufilent de la scène aux coulisses, déforment la paroi en saisissantes figures allusives. Ils sont des sortes de doubles « rongeurs »,  à l’image du héros, ils s’articulent entre les échos de la langue, prennent les angles de la pensées en s’élançant dans de belles improvisations jazziques. Superbe contretexte musical de ce spectacle étonnant. (...)

 

Michèle Friche © Le Soir 29-30/09/2007


top

 

LE GRIS

 

"Le gris", en italien, "il grigio", c'est une manière gentille de désigner...un rat. Et ce rat, obsessionnel, persécute un acteur, seul en scène, Angelo Bison, défendant le texte de deux  Italiens, Sandro Luporini et Giorgio Gaber, traduit et mis en scène par Pietro Pizzuti. Un  petit homme, retiré dans la campagne après un échec amoureux éprouvant, n'en finit pas de ressasser sa      vie ratée. Il vit un cauchemar quotidien: la présence obsessionnelle d'un rat.
Le tour de force de la mise en scène est de nous faire croire à la réalité de cette sale bête sans jamais nous la montrer vraiment. Et  le charme du spectacle c'est de donner corps à cette obsession par  des moyens visuels subtils, où on retrouve la griffe d'Anne Guilleray, avec la complicité de trois musiciens, qui accentuent l'étrangeté très contrôlée de l'ensemble."Le gris", un monologue défendu en finesse par Angelo Bison, au Rideau de Bruxelles.

Christian Jade © RTBF 28/09/2007


top

 

De la Garçonnière à la souricière

 

(...) Une ratatouille à l’italienne mitonnée avec soin par un chef conscient que c’est  dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes. Résultat, le tandem Bison sur scène et Pietro Pizzuti à la mise en scène reste toujours aussi savoureux. Les ingrédients de la réussite : un texte contemporain fort (qui comme le magnifique Fabbrica avec la même équipe est adapté en français par Kathleen Dulac) une scéno simple et efficace et une direction d’acteurs ciselée. Pour épicer le tout, la musique d’Olivier Thomas ‘n’ co ponctue, par grignotement bien placé, un récit qui trouve un souffle animal dans cette sourde solitude.

Thomas Ghysselinx © Zone 02 -  3-16/10/2007

 

top

 

A MAN AND A RAT BATTLE IT OUT IN A TRAGI-COMIC FIGHT FOR SUPREMACY

 

(...) Angelo Bison is excellent in the lead, but the real interest for me was the clever, eerie staging and the music by Olivier Thomas. Four musicians performing behind screens come on stage from time to time to act as invisible counterpoints to the lead character’s state of mind. They play an eclectic variety of instruments and veer from jazz to concrete music and mood-setting soundscapes. (...)

Accessible to anyone with a good level of French, Le Gris is perfectly packaged and makes for a pleasant evening at the theatre.

David Meharg
© The Bulletin 04/10/2007

 

top


LE RAT, ENTRE CHIEN ET LOUP


Le Rideau accueille Le Gris, une pièce qui donne le change. Réflexion sur l’existence, pensées sur une époque qui tance. Un monologue désenchanté mais enchanteur, la « middle life crisis » en toile de fond.

(...) Angelo Bison incarne cet homme en quête de marge par manque d’oxygène. Sa femme le tanne, la vie presque plus ne l’étonne. Le voilà seul, face à ses incertitudes et ses doutes, ses questionnements et ses révoltes. Alors quelle jouissance de consacrer deux jours entiers pour simplement choisir la place de son futur bureau. Tout va plutôt bien dans le meilleur des mondes de la solitude. Sauf qu’un intrus vient troubler cette quiétude. Au départ le soir, entre chien et loup, un rat s’invite et vient hanter ses cauchemars. Commence alors un bras de fer inexorable entre l’homme et l’animal abominable. Leur relation parfois teintée de complicité, voire d’attendrissement, se mue pour tomber dans la versatilité la plus complète. (...)

Un texte truculent servi par un acteur flamboyant

Le comédien insuffle vie à ce texte avec brio et les répliques font mouche. La mise en scène est habile, ce jeu d’ombre et de lumière illustre à merveille la partie de cache-cache qui se trame sous nos yeux. Le personnage court-il après ce rat ou plus simplement lui-même ? Angelo Bison incarne parfaitement cet homme qui prend du recul pour mieux avancer. La lumière de ses yeux fascine autant qu’elle hypnotise. Son regard témoigne de ses pérégrinations et errements psychologiques, très pertinemment illustrés par ses murs qui reculent à mesure que son horizon rétrécit. Les instruments, contrebasse, violon et consorts, et ses corps vivants en relief dans le décor ajoutent une touche kafkaïenne à la pièce. Le rat se régale du parmesan, semé par notre homme pour causer sa perte. Le public, lui, ne peut qu’être rassasié par ce Gris.

Gabriel Hahn © www.rue du theatre.info


top