affabulazione
création en Belgique
 
23.02 > 18.03
 

Durée du spectacle : 1:50 sans entracte

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

auteur pier Paolo Pasolini
mise en scène frédéric dussenne


 
auditorium Paul Willems
   
   

le père, le fils et l'esprit fin

 

L’œuvre du poète, dramaturge et cinéaste italien est toujours aussi sulfureuse 35 ans après sa mort. Logorrhée vertigineuse, déferlante poétique parsemée de traits d’ironie et d’étreintes corporelles, la pièce de Pasolini parle aux sens plus qu’à la raison.
(...)
Si le texte est touffu, les comédiens, sous la direction de Dussenne, ont la rigueur nécessaire pour varier le style, entre monologues tendus, confrontations physiques et évocations plus légères.

Une table en anneau enferme la plupart du temps ce père fou, alors que les autres personnages cernent aux quatre coins un plateau d’une blancheur clinique. Dans le rôle fleuve du père, l’intense Fabrice Rodriguez se laisse envahir par une fièvre angoissée et réussit à l’exprimer par la contraction du corps.
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Le conflit père-fils fascine Pasolini qui dépasse ici l’anecdote familiale pour évoquer Freud et la société.
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Affabulazione interpelle le spectateur. Et accroche celui qui sait savourer une poésie énigmatique.

Catherine Makereel © Le Soir 01/03/2010

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le complexe de Laïos

 

« Affabulazione », premier volet du dyptique Pasolini de Frédéric Dussenne, au cœur des ténèbres.  Tendu et âpre comme un cauchemar grotesque. 

Une tragédie grecque vaudevillesque et shakespearienne, tel nous est apparu « Affabulazione » de Pier Paolo Pasolini dans la mise en scène de Frédéric Dussenne au Rideau de Bruxelles.  La situation est des plus simples.  Il y a le père industriel, la mère femme d’intérieur, le fils, sa jeune amie et… le fantôme de Sophocle, prêtre catholique, commissaire de police ou nécromancienne à ses heures perdues. 
(…)

Après l’adresse de Sophocle, le père (Fabrice Rodriguez) se réveille d’un cauchemar qui l’a plongé dans une crise d’angoisse.  Le spectacle baigne tout entier dans ce climat onirique et oppressant.  La mise en scène au plus près du texte, la scénographie dépouillée (Thybaut Vancraenenbroek) et les lumières tombant à la verticale (Renaud Ceulemans) en donnent une vision froide, quasi clinique.
(…)

Une telle intensité ne peut que connaître une issue tragique.  Comme pour souligner le total dérèglement du monde contemporain, Pasolini inverse radicalement le mythe d’Œdipe : ici, c’est Laïos qui tue son fils, en pleine connaissance de cause de surcroit.  Stylisée et distanciée, la scène finale prend des allures de tableau du Caravage, dans de splendides clairs obscurs expressionnistes.
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Spectacle aussi rigoureux et exigeant qu’indispensable
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Philip Tirard © La Libre Belgique 25/02/2010


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dussenne/pasolini : UNE PAROLE


Pasolini n’oublie jamais qu’il écrit pour le théâtre : la scène est là pour montrer la violence des rapports extrêmes (..). Pasolini n’est pas dans le réalisme – en témoignent les nombreuses apparitions, pleines d’humour, de personnages décalés -, mais c’est dans la réalité crue et insondée qu’il puise ses « fabulations ».
(...)

Le spectateur reste accroché aux lèvres des comédiens, admirant leur performance autant que la force poétique de leurs mots. En effet, l’écriture ne permet pas la retenue, et, sur scène, tout est fracas, souffrance et mise à nu.

Dussenne dirige un jeu d’acteurs aiguisé, et nous amène à partager sa connaissance et sa passion pour un écrivain contesté et contestataire. Nous adoptons, puis attendons avec curiosité le deuxième volet : « Bête de style », création prévue en septembre 2010 pour l’Atelier 210

Julie Lemaire @ WWW.RUEDUTHEATRE.EU 27/02/2010   

 

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critiquE*** / LE BLOG DE CHRISTIAN JADE

La forme de ce long monologue accompagné frappe d'abord: un style bourré de références politiques contemporaines et de littérature antique qui peut rebuter les moins cultivés. Compensez cette densité parfois un peu lourde par  le mélange de tragique et de comique qui vient alléger la sauce. Benoît Van Doerslaer est cette respiration comique, tour à tour spectre de Sophocle, prêtre, commissaire...et même nécromancienne.

Surtout il y a un pari superbement tenu par Fabrice Rodriguez, capable d'incarner pendant près de 2 heures un personnage de père à la fois ambigu, dur et fragile, secoué de doutes, traversé de colères, bref frémissant de vie. Face à ce personnage somptueux qui donne enfin à Fabrice un  tout grand premier rôle, son fils, sa belle-fille et sa femme défendent fort bien , avec beaucoup d'élégance, des comparses écrasés par un texte où ils sont des comparses d'un supebe monologue.

A recommander à tous les amateurs de textes riches et de performance théâtrale: Fabrice Rodriguez vaut à lui seul le déplacement.

 

Le blog de Christian Jade - RTBF

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