ascanio celestini un homme À fables
Ascanio Celestini : Le signe de l'oralité, c'est l'image, pas la parole. Pour Fabbrica, j'ai travaillé pendant deux ans en enregistrant des ouvriers, des mineurs, des paysans. J'ai recueilli leurs histoires, puis je les leur ai restituées. Elles étaient inscrites dans leur mémoire mais, le plus souvent, ils ne les avaient jamais racontées. Il n'avaient que des images, ils n'avaient jamais utilisé de mots.
Fabbrica dépasse le témoignage individuel sur le travail...
A.C. : C'est à dire que je récolte des récits individuels et, en les réunissant, je constitue un récit collectif. (...)
Laurent Ancion © Le Soir 12/01/2008
CELESTINI,
RACONTEUR TERRESTRE
Ce mercredi, Pietro Pizzuti et Angelo Bison créent Fabbrica au Rideau. Une envie du comédien, le second, suivie avec enthousiasme par le premier, à la mise en scène. Et une traduction établie par Kathleen Dulac, fidèle au rythme de l'italien.
Fabbrica, c'est une seule longue lettre d'un ouvrirer à sa mère, (...) ça balaie l'histoire et les histoires de l'industrie. "La question ouvrière est présente partout en Occident, souligne Pietro Pizzuti. Il fallait rendre audible l'universalité du propos, ne pas l'enfermer. En même temps, ça parle d'ouvrir les yeux: un beau défi dans l'Italie d'aujourd'hui, amnésique - au prétexte que le marché fait la loi partout - des valeurs de solidarité, de fraternité d'une classe entière de travailleurs." Et puis, confie le metteur en scène, il y avait au départ "une volonté de mémoire - sans psychodrame. Mais tout de même, le père d'Angelo est mort de la silicose. Lui-même a fait l'usine, un temps, avant d'être repéré par le monde du théâtre. Il y a une composante autobiographique dans ce choix. Il ne fallait pas se mentir, ne pas l'occulter, mais en garder ce qu'il faut pour réinventer le propos." (...)
Marie Baudet © La Libre Belgique 12/01/2005

L'HISTOIRE
SECRETE DE LA CHUTE DES GEANTS
Une interprétation parfaite d'un texte magnifique.
(...)
L'homme raconte, la petite
histoire et la grande, avec un " H " majuscule,
qui voit le pays basculer dans la folie et le gangstérisme
organisé. Il raconte Benito Mussolini et Benito le
débile.
L'homme raconte, et nous
sommes suspendus à ses lèvres. Nous voyons chacun
de ces personnages surgir du néant, nous revivons toute
l 'histoire d'un pays où, dans une industrie sur le
déclin, les ouvriers furent des géants, puis
" l'aristocratie ouvrière ", et enfin, des
estropiés.
Cet homme qui raconte a
les traits d'Angelo Bison, qui fait vivre tous ces personnages
avec une formidable humanité. Des personnages nés
de témoignages recueillis par Ascanio Celestini, qui
les a ensuite tissés en un magnifique récit
mêlant réalisme et poésie. (...)
Jean-Marie Wynants © Le Soir 14/01/05

LES
SECRETS, LES REGRETS. LA VIE
Ascanio Celestini fait vibrer le Rideau.
Une mise en scène épurée de Pietro Pizzuti pour un solo soufflant d'Angelo Bison.
Né (...) de sa récolte
de témoignages sur le monde du travail, (...), Fabbrica sert ces souvenirs plus qu'il
ne s'en sert. "Les uns parlaient des événements
politiques, les autres de leur propre vécu, plus intime
et privé. Mais tous mêlaient leur histoire à
celle du XXe siècle, explique Celestini. Certains remettaient
de l'ordre dans leurs souvenirs, d'autres en inventaient de
nouveaux. Mais leurs témoignages indiquaient toujours
une des voies de la dramaturgie contemporaine: celle qui transforme
la mémoire personnelle en histoire épique." (...)
Dans le théâtre d'Ascanio Celestini, note Pietro
Pizzuti, "(...) Pas de personnage à jouer
pour dire la parole de ceux qui travaillent en silence et
ne parlent que pour transmettre l'action. Rien que l'homme
qui dit son passé pour fabriquer son avenir, ici et
maintenant, au centre du monde." Angelo Bison relève
avec brio ce défi vertigineux, si lointain de la tradition
théâtrale.Du corps, de la voix, par peu de jeu
et une présence immense, il fait jaillir des images,
des existences, l'histoire d'un pays, de ses petites gens,
de ses grands remous. Des secrets, des regrets. La vie. (...)
(...) Pas de représentation
: du théâtre, pur, dur, soufflant.
Marie Baudet © La Libre Belgique 15-16/01/2005

LA PAROLE
POUR OUTIL
Réussite absolue pour La Fabbrica, un conte moderne d'Ascanio Celestini servi par Angelo Bison.
(...) C'est une lettre que le
narrateur de La Fabbrica nous fait entendre, une lettre
à sa mère qu'il n'a jamais écrite, qu'il
aurait dû écrire cinquante ans plus tôt
mais si elle ne lui avait fait honte. Elle dit jusqu'où
l'homme doit aller dans la fourberie et la souffrance pour
avoir du travail. (...)
Et c'est un prince qui raconte
avec humour les épreuves auxquelles il a dû se
soumettre pour une belle exigeante. Celle à qui on
sacrifie tout, qu'on courtise, qu'on sert, c'est La Fabbrica.
Et dans la bouche d'Angelo Bison, le nom sonne, résonne,
comme une cathédrale. (...) On y vit, naît, on
y meurt dans la chaleur du haut fourneau, du feu prométhéen,
qui émancipe et tue
(...) magnifique spectacle
d'une haute réussite, d'une parfaite homogénéité
entre le propos, le verbe, la mise en forme et la présence
entièrement au service de ces voix anonymes. L'alchimie
née de la mise en scène de Pietro Pizzuti dirigeant
Angelo Bison est une merveille, jamais le comédien
n'a été aussi délié, prodigieux,
inventif, traduisant en français, par un corps incroyablement
expressif, la diction mais aussi la sensibilité extrême
à la note près, des couleurs de cette langue
italienne populaire. (...) Les lumières de Julie Petit-Etienne, le décor
sonore de Raymond Delepierre servent admirablement ce grand
moment de théâtre (...)
Sophie Creuz © L'Echo 20/01/05

C'EST LA CHUTE FINALE
Fabbrica, du génial auteur italien Ascanio Celestini, raconte, en une fable époustouflante, la vie, les souffrances, les secrets des ouvriers de l'Italie du XXe siècle.
(...)
Il y raconte l'usine, toute sa
vie. Ce monstre mangeur d'hommes, ce no-man's land, coupé
du monde, aux règles particulières. Avec ses
personnages ambrés, charpentés, mystérieux,
légendaires. (...)
En une fabuleuse longue
lettre d'un ouvrier anonyme à sa mère, le jeune
auteur italien Ascanio Celestini brosse l'histoire industrielle
et politique de l'Italie du XXe siècle. Se tournant
vers le passé pour mieux interroger le présent,
il rend hommage à tous ces travailleurs, mineurs, sidérurgistes,
paysans, repiqueuses de riz, des années 1940 à
1960. (...) C'est leur
mémoire, leur chair, leur souffrance, leur héroïsme
qui imprègnent la pièce et en font un récit
épique. (...)
Angelo Bison (...) vit le texte avec
une intensité bouleversante, puisée directement
dans ses tripes. Il hypnotise le public.
A voir absolument.
Thierry Denoël © Le Vif/L'Express
21-27 janvier 2005

FABBRICA !
Une création en langue française au Théâtre du Rideau de Bruxelles, c'est Fabbrica, de Ascanio Celestini.
Je ne sais ce qui m'a le
plus touché, ce que j'ai le plus admiré dans
cette pièce : le texte de Ascanio Celestini ; la mise
en scène de Pietro Pizzuti ; le jeu d'acteur du seul
Angelo Bison ; ou encore le décor ultra dépouillé
et un jeu fabuleux de lumière.
Cela faisait un tel tout, un tout tellement cohérent
!
(...)
Angelo Bison. Seul en scène ! Mais
quelle présence !
(...)
Je ne suis pas sorti indemne de cette pièce. Comme
les ouvriers italiens laissaient souvent dans les usines une
partie de leur corps, j'y ai laissé une partie de mon
âme et de mon identité.
Mais qu'elle est belle la vie ! Qu'elle est belle la lumière
!
Paul Dupret © Radio Antipode. Date de diffusion:
17/01/2005

ALORS LÀ
Fabbrica, croyez-moi, c'est un chef
d'uvre magistralement interprété par Angelo
Bison, mis en scène par un roi du monologue, Pietro
Pizzuti. Le fil conducteur c'est un hommage sensible à
la mère et à la femme, mi-sainte, mi-fantasme
sexuel, avec une madone à trois seins qui incendie
toute une usine. Fellini pas mort. Mais c'est aussi l'explication,
en douceur, le contraire du militantisme beuglant, des racines
profondes du fascisme en Italie. Magistral.
Christian Jade © RTBF 05/09/2005

fabbrica / The bulletin
Experience the tragedy and comedy of Italian factory workers'lives in a brilliant monologue.
Fabbrica is unlike any recent theatre
I've seen. On stage, a match is struck, illuminating a man's face, a shabby suit, white shirt and tie. He is seated within a huge metal casing which revolves silently in the dark.
(...)
The piece stems from a long ethnological and sociological exploration of the shattered industrial landscape of modern Italiy. (...)
DIrected here by Pietro Pizzuti, the unsettling play, by turns funny, scabrous and mournful, gives a mouthpiece to generation of workers who lost their lives in a metaphorical and literal sense in the mechanical miseries of the 20th century.
The actor, Angelo Bison, is extraordinarily gifted, engaging yet otherworldly, with a capacity to slip in and out of the theatricality and symbolism of the text and connect to the audience (...)
Andew Mcllroy © The Bulletin 20/01/2005

la madone et le facio
(...) Si cette histoire labyrinthique ne manque pas d'attraits avec ses quelques envolées aux allures mythologiques, la subtilité de la mise en scène et du jeu finissent par patiner un vrai petit bijou. Seul en scène, Angelo Bison, un comédien qui semble ne jamais cligner des yeux, nous balance le texte avec une telle puissance évocatrice qu'on a l'impression que ce récit nous pénètre par tous nos sens. (...)
TG © Zone02

inoubliable angelo bison À la fabbrica de celestini
(...) Un grand moment de théâtre qui nous entraîne dans l'histoire industrielle et politique de l'Italie de 1940 à 1960. Sans lourdeur, tel un conte moderne, entre la réalité et le fantastique, la poésie, la tendresse et l'amertume. (...)
Englobé dans le décor sonore pointu de Raymond Delepierre et les lumières intimes de Julie Petit-Etienne, Angelo Bison porte les voix de la Fabbrica, d'une traite, dans un souffle impressionnant. La salle entière le regarde glisser, solitaire, irréversible, d'un endroit à l'autre, d'un personnage à l'autre, d'un récit à l'autre, conteur d'une mémoire qui parle au présent...
Nurten Aka © Le Journal du Mardi 07/02/2005

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