pecora nera
création en français
 
01 > 24.10
 
Durée : 01:30 sans entracte
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

auteur ascanio celestini
mise en scène pietro pizzuti
auditorium Paul Willems
 
   
avec angelo bison  
   
   

ASCANIO CELESTINi, la mÉmoire qui planche


L'infatigable traqueur d'histoires a couru les asiles pour forger La Pecora nera. Un solo délirant.

(...) Ascanio Celestini, 34 ans, (...) auteur et acteur romain, d'abord formé à l'anthropologie, a la passion des histoires. Depuis 1995, il parcourt l'Italie pour récolter les souvenirs, les mots et les images.

De ces témoignages de première main, qu'il recueille dans les usines, les asiles, les prisons ou les rues, l'artiste fait ensuite des livres, des films documentaires, des émissions radio ou des spectacles. Pour autant de réussites. (...)

La pecora nera
(la brebis galeuse) (...) évoque l'univers psychiatrique. Pendant trois ans,Celestini a rencontré des infirmiers et des malades mentaux pour forger un monologue parfaitement décapant, qui aborde l'enfermement, bien sûr, mais aussi Dieu, les femmes nues, les goden sixties et les supermarchés !

"Ca m'intéresse de soulever de grandes questions à travers des récits très concrets. (...) Je récolte la parole des personnes qui racontent leur propre identité. Ce sont des gens qui se retrouvent en immersion totale dans un univers particulier: l'usine, la prison, l'asile. On ne peut connaître un objet qu'en adoptant un point de vue particulier. Je veux partir du petit pour aller vers l'universel." (...)

 

"Ce qui compte, ce n'est pas qu'une histoire soit vraie ou fausse, lance-t-il. Une même personne peut raconter dix fois de suite une histoire réelle avec des mots différents. Ce qui est toujours vrai, c'est sa nécessité de raconter."

(...)
"Ce qui compte, c'est que le public se crée des images, estime Celestini. (...) Dans mes spectacles, j'espère que le langage laisse la place aux images des autres. C'est le principe de mon travail: des images qu'on m'a données redeviennent des images." (...)

 

Laurent Ancion © Le Soir 24/01/2007

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les figures, la fable et le passeur

 

Avec Ascanio Celestini, l'automne est lancé au Rideau, qui crée "Pecora nera".

Le Rideau de Bruxelles crée une nouvelle perle tirée de l’œuvre ouverte, poétique, sombre et lumineuse d’Ascanio Celestini.
[…]
Pour porter sa parole - car l’écriture de Celestini est infiniment nourrie de la tradition orale -, on retrouve Pietro Pizzuti, qui signe le texte français et la mise en scène, et Angelo Bison, le passeur des figures de cette fable vertigineuse, cocasse et émouvante, familiale, microcosmique et donc universelle.

"Je suis mort cette année", déclare d’entrée de jeu un homme aux jambes nues, au visage tantôt de gamin, tantôt de vieillard, au corps comme arrimé au sol, surgi de la pénombre. Dès l’abord, il faut souligner l’acuité simple de la scénographie, un plateau étroit, peu profond, légèrement incliné (Anne Guilleray) et l’éloquence fine des lumières (Laurent Kaye) qui, ensemble, font de cet espace un monde tout entier et, sans rien de figuratif, laissent aux mots, au jeu, à la présence la pleine puissance de l’évocation.

Noir et lumière sont ici des balises, comme la nuit et le jour pour quiconque, comme l’ampoule qu’on laisse allumée le soir parce qu’ "on peut mourir par peur du noir". L’électricité elle-même a un rôle à jouer : thérapie particulière à l’institut où vit - et meurt - la mère du narrateur.
[…]
Brebis galeuse ou mouton noir, la "Pecora nera" est l’exclus qui s’inclura ailleurs, à sa façon, construira sa propre histoire, y fondra un peu de celle des livres et des journaux, et beaucoup de son imagination. C’est cette construction, sociale, mentale, motrice, physique et psychique qu’explore le spectacle mis en scène par Pietro Pizzuti. Le parcours pluriel d’un être questionnant la peur, ce frein, ce moteur. Malgré de très passagères longueurs, cet instant condense un monde multidimensionnel, effrayant et drôle, clos et traversé de grands courants d’air.

 

Marie Baudet © La Libre Belgique 03/10/2009



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Trio di pasta à la Celestini

En 2003, un choc : le public découvrait Ascanio Celestini avec « Fabbrica ». Aujourd'hui, le Rideau programme trois de ses pièces.

Sans vouloir les offenser, on ne peut s'empêcher de comparer Ascanio Celestini, Angelo Bison et Pietro Pizzuti aux piliers culinaires italiens, pâtes, sauce tomate et parmesan. La riche matière de Celestini, le velouté de Bison et la touche qui relève le tout de Pizzuti sont cet automne servis en trois saveurs au Rideau de Bruxelles : la création de Pecora Nera avant la reprise du formidable Histoires d'un idiot de guerre et surtout de l'inoubliable Fabbrica. Anthropologue avant d'être auteur, Celestini se distingue par un travail de recherche et de récoltes de témoignages auprès de gens ordinaires, souvent en état précaire, à la base de son écriture.[…]. C'est le milieu hospitalier des asiles que Celestini a cette fois investigué pour écrire Pecora Nera (brebis galeuse en italien). Abordant les côtes de la folie par le prisme de l'enfance, la pièce se déroule une fois encore comme un monologue-fleuve aux nombreux détours. Pour un texte aussi joyeusement volubile, il fallait la musicalité d'un comédien hors pair : Angelo Bison. Depuis Fabbrica, on ne peut imaginer personne d'autre pour incarner la voix généreuse de Celestini.

 […]. A la mise en scène de Fabbrica et Pecora Nera, Pietro Pizzuti fait le pari d'une sobriété prégnante relevée par des lumières aussi essentielles que le narrateur. […]Le résultat est envoûtant : reflétant l'espace mental du héros, enfant différent des autres, les lumières enveloppent ou dissimulent ce clown maladroit et tourmenté.

Dans un simple short noir, Angelo Bison est à la fois ce gamin rêveur, sa grand-mère qui lui fait honte, sa mère enfermée dans un mutisme douloureux à l'asile ou encore son mystérieux ami Nicola. Inspiré entre autres des observations de Charcot sur l'hypnose, le travail sur le corps est époustouflant, évoquant mieux que les mots l'univers des fous. […]

Catherine Makereel © Le Soir MAD 07/10/2009

 

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chronique théâtrale de christian jade / rtbf - LA PREMIère

Connaissez-vous Ascanio Celestini ? Voilà un délicieux petit Italien volubile, drôle et tendre à la fois, qui depuis quatre ans se produit au Festival de Liège, en italien et que le Rideau de Bruxelles reprend, quelques mois plus tard  en français. Les amateurs se souviennent de ce merveilleux Fabbrica  où un fils, déjà Angelo Bison, racontait la vie de son père, ouvrier exploité dans l’Italie mussolinienne.Tellement beau et juste  qu’Angelo reçut le prix de la critique pour ce Fabbrica. Vous pourrez le revoir ainsi qu’ «Un idiot de guerre» d’octobre à décembre dans un festival Celestini. Dans Pecora nera; la brebis galeuse, Angelo nous remet le couvert avec la même sensibilité à fleur de peau, aiguisée par son complice Pietro Pizzuti. Ce petit Nicola-ci, un peu simplet, enfermé dans une maison de fous, raconte sa propre histoire,  comme s’il parlait d’une autre personne. Un dédoublement qui lui permet des tendresses pour sa nonna de  grand-mère et quelques vacheries sur le monde actuel, ses supermarchés mais surtout la manière dont on traite les fous dans les établissements tenus par des bonnes sœurs un peu bornées, un peu pétomanes et confites en dévotion devant le Pape. C’est drôle, efficace, profond. Angelo Bison se moule dans cette petite cervelle tourmentée avec une empathie communicative. On en sort ému et éveillé par une histoire simple et touchante, baignée d’humour tendre.

Christian Jade © LA PREMIÈRE RTBF 08/10/2009

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