Poils sur la tête
Décevants, quelconques mais toujours là. Depuis qu'on me parle de mes cheveux, c'est pour me prédire une calvitie prématurée. À cause des tempes très dégarnies (on les devine sur la photo). Je dis que les tempes dégarnies sont un signe de virilité : il s'agit là d'une implantation particulière de la masse chevelue qu'on ne retrouve pas chez les femmes. Question : est-ce qu'une particularité anatomique exclusivement masculine est forcément un signe de virilité ? À creuser... Cela dit j'adore me moquer et particulièrement des chauves...
Sourcils
Trop fournis et depuis très longtemps. Dès l'âge de 13-14 ans. Au collège on m'appelait Brejnev. Aujourd'hui on ne m'appelle plus Brejnev. Alors que je suis toujours aussi abondant en poils au-dessus des yeux. Questions : est-ce parce que Brejnev est moins populaire, est-ce parce que les jeunes générations qui éclaireront notre avenir ont oublié la figure broussailleuse et boursouflée du chef des popov ? Cela dit, je ne me moque jamais d'un vieux communiste surtout s'il est vieux.
Tarf
Voyez-vous, je n'ai jamais eu de nez mais un tarf. Une chose qui me poussa au milieu de la figure à l'âge où l'apparence a tellement d'importance... Un tarf ! Moi qui aurais tellement voulu cette petite chose attendrissante et sensuelle portée par les copains de récré...
Eh non ! Pour moi un blaze, un vrai ! La beauté cachée des laids, des laids... écrivait Gainsbourg qui savait, lui... La sale gueule mais on n'y peut rien... Mais le temps qui aplanit tout fit son ouvrage... et les années passant les petits nez coquins se transforment en grosses fraises informes, alors que le pic s'érode doucement... vengeance ! Oh vengeance... Je me moque très peu... sauf des chauves à grosses fraises !
Cou
Du lapin. On s'habitue à tout. J'avais le cou fin, élancé comme une gazelle, un cou qui laissait supposer une lignée princière, une pensée altière et puis deux trois bières de trop, deux trois nuits à réinventer le monde, voilà que me pousse un bout de tuyau gras entre les clavicules et le menton. Un truc qui sent le représentant de commerce en fin de tournée, le social démocrate en plein banquet. Le naufrage. Pour tenter un radeau j'ai acheté cette veste à col Mao. C'est pire. Elle crée le contraste. Je l'ai achetée chez Spot. Pas chère donc. Je retourne l'étiquette : Made in China. J'ai vu mon Brejnev me faire les gros yeux et froncer les sourcils. Made in China... vu le prix, j'imaginais le salaire des mères de famille chinoises qui l'ont fabriquée à l'autre bout de la terre, j'imaginais les couturières françaises en larmes devant la grille de l'usine définitivement fermée. Je l'ai prise quand même. Dedans je ressemble à ce que je suis : pas grand-chose… mais je ne me moque plus. Surtout pas des cous gras à col Mao !
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Pièces publiées aux Editions Actes Sud-Papiers :
Vodou, suivi de : Chroniques des oubliés du Tour (1999)
L’incroyable voyage (2002)
Six hommes grimpent sur la colline (2003)
Ralf et Panini (2005)
Une saison chez les cigales, suivi de :
Trois femmes descendent vers la mer (2006)
Vesna, suivi de : La Maman du petit soldat (2007)
L’Envolée, suivi de : Ma mère qui chantait sur un phare (2008)
Nos écrans bleutés (2009)
Il est encore l’auteur de :
Les anges de Massilia (Espaces 34, 1995)
Trabant (Inédit 1998)
Combat (Inédit 2000)
Nuit d’automne à Paris (L’Avant-Scène Théâtre 2002)
Maman ! in Embouteillage (Editions Théâtrales 2002)
Lorène dans l’escalier in Monologues pour et autres textes
(Espaces 34, 2003)
Le saut de l’ange in 4 petites comédies pour une comédie (Lansman 2004)
Zoom (Lansman 2009)
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