HAMELIN création en français  
 
06.01 > 28.01
 

Durée : 01:30

 

 

 

auteur juan mayorga
MISE EN SCENE christophe sermet
 
 

Le poids des mots face à notre imaginaire

Dans cette pièce magistrale créée en français au Rideau, Juan Mayorga démontre toute la vitalité du théâtre et du langage.

Non, le théâtre n'est pas mort. Il se porte même plutôt bien et certains s'emploient magistralement à démontrer qu'il est là pour durer. C'est le cas de l'auteur espagnol Juan Mayorga dont le Rideau de Bruxelles propose actuellement Hamelin. S'inspirant de cette légende allemande où un joueur de flûte entraîne les enfants de la ville à sa suite, Mayorga nous plonge dans une ville secouée par un scandale pédophile.[…]

Très vite pourtant, on comprend qu'il y a bien plus que ce faux suspense policier dans la pièce de Mayorga. […]Loin de toute caricature, l'auteur nous fait découvrir petit à petit toute la complexité des divers personnages et l'ambiguité de leurs actions.

Mais au-delà du récit, Mayorga livre aussi et surtout une formidable démonstration de la force du langage.[…]

Mayorga met tout cela en évidence grâce à une forme dépouillée à l'extrême.

Face à un objet théâtral aussi singulier, le metteur en scène Christophe Sermet s'appuie entièrement sur ses acteurs, les faisant passer d'un rôle à l'autre dans un jeu subtil augmentant encore l'ambiguité des propos et des positions de chacun. Des interprètes qui portent magnifiquement cette parole forte, secouante.

Jean-Marie Wynants
© Le Soir 8/01/2009

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Forme du langage, force du théâtre

"Hamelin" de Juan Mayorga par Christophe Sermet projette sur scène l’essentiel : mots, jeu, présences, absence.

"Hamelin", épure théâtrale dans un espace presque brut, qu’habitent seuls les corps et quelques chaises, cernés de panneaux de bois sur un sol gris.

"L’annoncier", interprété avec une finesse féline par Thierry Lefèvre, prend en charge les détails, l’action, le jeu même. Pour ne plus laisser sur le plateau que les mots et les rapports de force, et le doute grandissant.

Car "Hamelin" fait bien sûr allusion au conte du joueur de flûte qui délivra la ville des rats mais la priva en même temps de son bien le plus précieux, ses enfants. Juan Mayorga (°1965, Madrid) en fait le leitmotiv, insoluble, irréductible, de sa pièce, au début de laquelle le juge Montero s’apprête à ordonner une série d’arrestations dans sa cité aux beautés aveuglantes où un bourgeois, sous prétexte d’aider une famille dans le besoin, s’est approché de ses enfants. Dit comme ça, on croirait un fait divers tel qu’on n’en entend que trop. Ou le début d’un thriller de cinéma. Or, pour Mayorga, " si le théâtre fait du spectateur son complice, il est imbattable comme moyen de représentation du monde". Regard acéré de l’auteur porté à travers l’œuvre elle-même sur l’art qu’elle met en pratique, impliquant le public.

Une distribution sans faille porte le spectacle. Outre l’annoncier de Thierry Lefèvre, Serge Demoulin campe un Montero digne et sombre, Fabrice Rodriguez est Rivas, suspect no1 terriblement humain, Gaetan Lejeune est tantôt un adolescent buté, tantôt son père René. Francesco Italiano habite le fragile Benjamin, victime présumée, comme le fugace Charles, fils du juge. Sophie Jaskulski sera tantôt Julia, femme de Montero, tantôt Lisa, mère de six enfants dont l’un est le protégé de Rivas. Vanessa Compagnucci enfin incarne Rachel, la psycho-pédagogue aux conclusions péremptoires. Tous forment un chœur aussi, de toujours et d’à présent, dans cet "Hamelin" sans âge et sans limites. A la fois terrible histoire en creux et formidable moment de théâtre.

Marie Baudet © La Libre Belgique 8/01/2009
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la chronique de christian jade (rtbf rADIO)

Avec « Hamelin », au Rideau de Bruxelles,on découvre un auteur espagnol contemporain, Juan Mayorga jamais joué en Belgique et un jeune metteur en scène prometteur, Christophe Sermet qui conduit ses acteurs en finesse.
Juan Mayorga, adapte une vieille légende des frères Grimm, « Le Joueur de Flûte de Hamelin » où un musicien délivre une ville de ses rats mais en sacrifiant tous ses enfants. La métaphore contemporaine, c’est l’épidémie de pédophilie, révélée par les affaires Dutroux, Fourniret en Belgique et d’Outreau en France La réussite du « Hamelin », de Juan Mayorga c’est qu’il garde à l’ensemble l’allure d’une fable. Un récitant, nous aide à construire un décor mental et à passer presque avec humour d’un épisode à l’autre. L’histoire se joue à plusieurs niveaux : on passe d’un affrontement dur entre un juge d’instruction et un supposé pédophile à la même histoire, vue à travers des prismes déformants, contradictoires et ambigus :le point de vue des enfants, des parents, d’une psychologue. Le juge lui-même n’est pas un père irréprochable. Cette façon de nous faire entrer dans un débat où nous, public, sommes responsables du jugement final, laissé en suspens, évite tout manichéisme. En même temps la mise en scène de Christophe Sermet donne à chaque acteur la chance de faire entendre son témoignage avec force. Un sujet difficile qui ne tombe jamais dans le mélo et nous plonge dans la recherche des vérités ambiguës : de la bel ouvrage.



Christian Jade
© RTBF Radio 08/01/2009

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c'est le rôle du théâtre: mettre le doigt où ca fait mal

C'est pour qui ?
Ca parle d'enfance, mais ce n'est pas pour les enfants ! C'est un théâtre grand public qui fouille, pose des questions mais veut rester divertissant. Le mot est connoté mais pourtant juste : on suit un récit, une histoire qui traite d'un sujet grave, mais sans l'intellectualiser, sans ennuyer le spectacteur...

Que diriez-vous pour convaincre les indécis ?
Venez voir sept comédiens exceptionnels dans une pièce surprenante ! Ne vous laissez pas dérouter par le sujet. Au final, ça parle de l'humain. Venez voir un théâtre intime, sans fioriture. C'est le rôle du théâtre: mettre le doigt où ça fait mal.

© Le Soir/Victoire 10/01/2009

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DéMONS ET DES MAUX LIés AUX MOTS

Hamelin se présente comme une pièce aussi particulière dans sa forme qu'intelligente et intrigante sur le fond. La vie de la cité en question. Son destin collectif et individuel, le rapport à la parole dans une société de l'image.(...)

 

L'accusation est toujours commentée par l'annoncier, il déconstruit l'histoire avec humour, illustre son discours de dessins sur les murs. (...)

A cette mise en scène originale et astucieuse s'ajoute l'excellent jeu des comédiens, chacun dans leur registre. En plus de susciter l'imaginaire du spectateur, elle aiguise sa pensée, montre comment la déstructuration du langage s'accompagne inexorablement d'une déconstruction sociale.

 

Gabriel Hahn © Métro 12/01/2009
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HAMELIN EST UNE PIèce BRUTE, SANS SCénographie, SANS LUMIère, SANS COSTUMES

(...) Pas besoin de montrer grand-chose d’ailleurs, les faits ne sont pas exposables: par contre, l’attention est rivée sur les rapports et les tensions entre les protagonistes de « l’affaire Benjamin » (le -un peu trop- protecteur du jeune garçon, les parents, la psychologue et le représentant de l’Etat).

(..) Un adulte (Fransesco Italiano, tout en candeur) sera Benjamin, la victime de 10 ans. Autour de lui, tournent tous les personnages adultes avec énormément de finesse, du juge (Serge Demoulin) au narrateur omniprésent donnant des indications scéniques, intentions d’acteurs et didascalies en temps réel (Thierry Lefèvre) en passant par l’accusé (Fabrice Rodriguez), les femmes et la psychologue (Vanessa Compagnucci et Sophie Jaskulski) et les père et frère de la victime (Gaëtan Lejeune). La sobriété de la mise en scène de Christophe Sermet paye: émotions et réflexions s’équilibrent bien. Vraiment pas du pipeau, ce Hamelin. A voir.

© www.zone02.be
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(...) Le metteur en scène, Christophe Sermet réussit, je pense, un très beau spectacle. Sa mise en scène est sobre mais pas du tout ennuyeuse. Il y a une sorte de tension permanente. Ce n'est pas non plus une mise en scène squelettique même s'il n'y a pas de scénographie à proprement parler. Il évite en tout cas le pathos même si l'émotion peut être très forte à certains moments. Mais il y a toujours, dans sa mise en scène et dans la pièce, une distance critique, parfois comique d'ailleurs. On nous rappelle à tout moment qu'on est au théâtre et pas dans la réalité. La pièce est portée aussi par d'excellents comédiens. (...) Donc, c'est vraiment un spectacle à voir.

Dominique Mussche © RTBF Musiqu'3 10/01/2009

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La force des mots

Double choc ébloui à l'auditorium Paul Willems : l'oeuvre de l'Espagnol Juan Mayorga (1965) et le talent de son metteur en scène Christophe Sermet, qui crée en français Hamelin, enquête sur une affaire de pédophilie en écho au conte du joueur de flûte qui enlève ses enfants à une ville coupable. Une enquête magistralement cernée sous l'angle du langage, qui dévoile, ment, stimule l'imagination, renverse les certitudes et nous laisse dans l'irrésolution. Balayée la représentation du réel, mais, avec une poignée de chaises et de la craie sur les murs bruts, avec de formidables comédiens, d'une sobriété et d'une ambiguïté à donner le frisson, c'est toute la force nue du théâtre qui se révèle ici. Un spectacle rare.

 

M.F. © Le Vif/L'Express 16-22 janvier 2009
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WWW.THEATREDUBLOG.UNBLOG.FR

Peu de théâtres prennent le risque de la création dramatique contemporaine et moins encore en font résolument leur vocation exclusive.
C'est le cas du théâtre Rideau de Bruxelles qui, depuis des décennies, découvreur d'auteurs, sous une direction et avec une équipe artistique renouvelées récemment, redouble encore d'énergie et d'engagement en faveur d'une écriture contemporaine exigeante, sortant des sentiers battus, interrogeant et déstabilisant sans concession aucune les consensus confortables de nos certitudes, des statu quo apparents et rassurants de la vie sociale. (...)

Le défi et l'enjeu de Juan Mayorga c'est précisément de faire du théâtre un lieu de cette parole indicible. Un théâtre qui, pour représenter l'invisible, l'indicible, exige une économie extrême de moyens et une complicité totale du spectateur.

Ce théâtre s'accomplit magistralement dans la mise en scène de Christophe Sermet. (...)

Pas de fausses notes dans cette partition finement tissée par des acteurs, tous admirables dans leur économie et leur précision du jeu, du geste, du mouvement. (...)

Nous sommes là devant un théâtre qui ne délivre pas de messages, n'apporte ni réponse ni solution mais convoque l'intelligence, la sensibilité, l'imaginaire du spectateur, l'engage dans une traversée personnelle, subjective du labyrinthe. (...)

Irène Sadowska Guillon © www.teatredublog.unblog.fr


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ENFANCE FAUTEUSE DE TROUBLE

Pour Juan Mayorga écrivain espagnol, le théâtre peut tout représenter. La force de cet auteur tient dans sa capacité à poser les questions qui font mal à la société. Sa pièce Hamelin mise en scène par Christophe Sermet au Rideau de Bruxelles en est une brillante démonstration.

Marie Collins © Revue Cassandre juin 2009

 

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juan mayorga et le thÉÂtre contemporain en espagne

(...) La question de la culpabilité. Celle du langage. Elle constitue le thème fondamental de la pièce. Langage des journalistes qui « font de la littérature » au lieu de s’en tenir aux faits. Langage des « psy », ses codes, sa précision, mais aussi son manque d’humanité. La pauvreté des parents de Benjamin entraine la pauvreté de leur langage ; le silence du garçon en est sans doute la conséquence.
Au cours de l’entretien qu’il nous a accordé cet été, Michael Delaunoy a rappelé que le Rideau de Bruxelles « a toujours mis en avant la question de la parole » et déclaré que « pour moi, fondamentalement, le théâtre est aussi le lieu des questions qu’on se pose collectivement, beaucoup plus que le lieu des réponses ». Une œuvre comme Hamelin répond doublement à cette conception du théâtre.

Nous avons beaucoup apprécié la mise en scène de Christophe Sermet, artiste associé au Rideau à partir de cette saison. (...) Quant aux acteurs, ils étaient magnifiques. (...)  


Claire Anne Magnès © La Revue générale mars 2009

 

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