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Hugo Claus, né le 5 avril 1929 à Bruges et mort le 19 mars 2008 à Anvers, est romancier, poète, dramaturge, metteur en scène, réalisateur, peintre,… belge néerlandophone. Touche-à-tout de génie, visionnaire et provocateur, pourfendeur des conservatismes de tout bord, il est à plusieurs reprises pressenti pour le Prix Nobel.
Photo © Louis Monier
L'Âge d'homme - AML |
Fils d'un imprimeur qui a la bougeotte, Hugo Claus suit sa scolarité dans un internat. Vers 14 ans, il fait le mur, prend son envol, pratique une série de métiers (ouvrier saisonnier, peintre en bâtiment) et se met à peindre et à écrire. À Paris, sa rencontre avec le surréalisme (1948) le marque à tout jamais. Pour lui, ce mouvement n'est pas seulement une question esthétique mais constitue aussi une façon de vivre. Avec les surréalistes, Claus partage l'ambition de bouleverser les conditions de vie traditionnelles et de déclarer la guerre à tout ce qui empêche le libre développement de l'homme. Sa critique de la société est de coloration anarchique : au centre se trouve l'individu freiné dans son développement par toutes sortes d'institutions : l'Ecole, la Famille, l'Eglise, l'Etat... Dans son oeuvre, Claus attaque ces facteurs funestes à la réalisation complète du désir. De son intérêt pour le surréalisme, il a gardé une préférence pour des figures dissidentes telles que Antonin Artaud et Raymond Queneau. En 1949, il s'engage dans le mouvement international CoBrA aux côtés de Christian Dotremont et Pierre Alechinsky. Après un séjour en Italie où il apprend à connaître le milieu cinématographique, il retourne en Flandre. À la fin des années 1960, Claus joue un rôle important dans le mouvement contestataire qui veut réformer la politique sociale et culturelle en Flandre.
Un de ses chefs-d'oeuvre poétiques, le recueil Poèmes d'Oostakker (De Oostakkerse gedichten, 1955), annonce déjà la couleur de l'oeuvre entière. On y découvre les oppositions entre la nature et la culture, le vitalisme et l'érudition, la révélation et la dissimulation, la tradition et l'indépendance. Techniquement, l'auteur ne s'impose aucune contrainte. Tantôt il travaille par association, tantôt il procède de façon purement logique, utilisant tour à tour le sonnet ou le vers libre, la rhétorique ou la langue parlée. Il mélange le tragique et le burlesque, le sublime et le banal, le classique et l'obscène. Citons encore Encre à deux pinceaux, écrit avec Karel Appel et Pierre Alechinsky (1979).
Dans le domaine du roman, il publie notamment La Chasse aux canards (De Metsiers - 1950), L’Etonnement (De verwondering - 1962), longtemps considéré comme son chef-d’oeuvre et Le Chagrin des Belges (Het verdriet van België - 1982), succès international de librairie.
Hugo Claus est un dramaturge prolifique. Sa première pièce, La Fiancée du matin (Een bruid in de morgen, 1955), créée en français par le comédien débutant Jean-Louis Trintignant, reçoit un accueil aussi favorable que la publication de son premier roman. Suivront d’autres pièces : La Chanson de l'assassin (Het lied van de moordenaar, 1957), Sucre (Suiker, 1958), Thyeste (Thyestes, 1966), Vendredi, jour de liberté (Vrijdag, 1969),… Mort de chien (Het haar van de hond, 1982) est créée en français en 1987 au Théâtre National.
Tout comme les personnages de ses romans, ses héros dramatiques sont confrontés à des problèmes psychiques, sexuels et sociaux, en lien avec les difficultés qu’ils ont vécues durant leur jeunesse dans la maison parentale. La perturbation dans leur développement a conduit à une relation troublée avec la réalité. Symbole de la dépendance fondamentale (psychologique, existentielle, sociale...) de l'homme et de son manque de liberté, la figure d'Oedipe, quoique souvent cachée ou déguisée, se trouve centrale dans l'oeuvre de Claus. À cause de ces liens oedipiens les personnages restent d'éternels adolescents qui n'arrivent pas à assumer le rôle de père ou de héros et entretiennent des rapports difficiles avec la famille, la femme et la société.
Hugo Claus est encore réalisateur et scénariste. On lui doit les films : De Vijanden (Les Ennemis - 1967), Vrijdag (Vendredi jour de liberté - 1980), Het Sacrament (Le Sacrement - 1989) ou De Verlossing (La Rédemption - 2001).
La diversité de l’oeuvre plastique de Hugo Claus qui avait pour habitude de dire : « Je suis un peintre dont j’aimerais qu’on dise qu’il a écrit de bons livres », se trouve illustrée dans l'ouvrage Hugo Claus. Imagier (1988).
Une cinquantaine de prix ont récompensé son œuvre dont le Prix Lugné-Poë en 1955, le Ford Foundation Grant en 1959, le prix Constantijn Huygens en 1979, le Prix des Lettres Néerlandaises en 1986, le Grand Prix de l'humour noir en 1989, le Prix International Pier Paolo Pasolini en 1997, le Prix de Littérature Aristeion en 1998, le Prix Nonino en 2000, et le Preis für Europäische Poesie en 2001. |
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