une question de vie ou de mort

Alexandre Tharaud et Jacques Rebotier mêlent et entrelacent leur destin.

On pourrait parler de "violon d’Ingres", mais c’est beaucoup plus fort que ça : un des plus grands pianistes de la jeune génération, indéfectible ami du Rideau depuis le mémorable "Satie" qui lui fit faire ses débuts à Bruxelles, Alexandre Tharaud, seul en scène, se livre tout entier comme acteur et pianiste (coauteur, aussi), à travers un spectacle sur mesure, écrit, composé et réalisé par l’écrivain et dramaturge Jacques Rebotier. L’alliance est unique, inaugurale, et, après une heure vingt de tête à tête, de corps à corps, avec le jeune "actant" (comment désigner Tharaud dans cette affaire ?), on sort ému, abasourdi, traversé de flèches - de lueurs - d’énergie et de douleur, parfois de sens, parfois de rire.

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La mise en scène de Jacques Rebotier, très plastique avec ses lumières crues, ses ombres portées, ses jeux de noir et blanc (forcément) et ses effets surréels, est miraculeuse de précision, "réglée comme du papier à musique", c’est le seul confort du spectacle.

Mais sa langue est aussi musique (écrite), parfois musique sur texte, en imitation, en contrepoint ou en alternance, à la façon du mélodrame classique, en grandes envolées à la Liszt ou à la Messiaen, et, à l’exception de quelques citations orchestrales (sono), toujours au piano.
Tharaud s’est emparé de cette double partition de tout son être, avec fièvre et loyauté, l’acteur faisant un avec le pianiste. Il n’empêche : quand on l’entend vraiment jouer, et la partie piano deviendra de plus en plus exigeante au cours du spectacle, quand on renoue avec son art et sa maîtrise, on se surprend à se demander quelle mouche l’a piqué de se lancer dans cette partie inconnue (pour lui) de la scène, sauf pour échapper à tout ce qui y est évoqué, pour vivre sa propre catharsis.

Martine D. Mergeay © La Libre Belgique 28/09/2009

le tandem rebotier-THARAUd ou l'insolite au carrÉ

L'ouverture du festival 38e Rugissants n'aura pas failli à sa réputation, qui convoque pour cette 21e édition le "sens et son", autrement dit, tout ce qui existe entre le verbe et le silence. Excusez du peu. Démarrage avec L'Oreille droite, un spectacle du poète, homme de théâtre et compositeur Jacques Rebotier, avec Alexandre Tharaud, le pianiste.(...)

Alexandre Tharaud est à la fois danseur (il a eu une mère professeure de danse), comédien (avec quelles prestance et justesse), diseur, "introspecteur", inquisiteur, passeur à tabac. Et quel fabuleux pianiste !
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Dingo Tharaud ? Avec Jacques Rebotier, le pianiste a rencontré un alter ego en singularité. Braqueurs de sons et voleurs de sens, ils ont réussi un ovni magique et détonnant. L'oreille droite est celle, coupée, de Van Gogh. C'est aussi celle que les pianistes présentent à leur public.

Marie-Aude Roux © Le Monde 20/11/2009