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Jean Genet par lui-même
« J'ai su très jeune que je n'étais pas français, que je n'appartenais pas au village. Je l'ai su d'une façon bête, niaise, comme ça : le maître d'école avait demandé d'écrire une petite rédaction, chaque élève devait décrire sa maison... Il s'est trouvé que ma description était, selon le maître d'école, la plus jolie. Il l'a lue à haute voix et tout le monde s'est moqué de moi en disant: « Mais c'est pas sa maison, c'est un enfant trouvé », et alors il y eut un tel vide, un tel abaissement... Oh ! Le mot n'est pas trop fort, haïr la France, c'est rien, il faudrait plus que haïr, plus que vomir la France »
L'Ennemi déclaré |
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« Devant un peloton d'exécution, si je devais crier « Vive la France » pour éviter d'être fusillé, je le ferais, et je tomberais mort... de honte. »*
« Vous me reprochez d'écrire en bon français ? Premièrement, ce que j'avais à dire à l'ennemi. il fallait le dire dans sa langue, pas dans la langue étrangère qu'aurait été l'argot. (...) Si j'ai été séduit, parce que je l'ai été, par la langue, c'est pas à l'école, c'est vers l'âge de quinze ans, à Mettray, quand on m'a donné, probablement par hasard, les sonnets de Ronsard. J'ai été ébloui. Il fallait être entendu de Ronsard. Ronsard n'aurait pas supporté l'argot... Ce que j'avais à dire était tel, témoignait de tellement de souffrances, que je devais utiliser cette langue-là. »*
« (...) deux mots accolés, ou trois ou quatre, et deux phrases peuvent être plus poétiques qu'un meurtre. Si j'avais à choisir entre l'expression poétique par des mots ou, si elle existe, l'expression poétique par des actes, je choisirais l'expression poétique par des mots.»*
*Extraits de l’Entretien avec Bertrand Poirot-Delpech réalisé et filmé le 25 janvier 1982.
« Quand je prononce ou quand on prononce devant moi le nom de Palestinien, l’image qui s’impose le plus fortement c’est celle des enfants de quatre ou cinq ans déshydratés. Les médecins allemands du camp de Baqa, en Jordanie, en ont sauvé quelques-uns. Il leur fallut du plasma, des appareils, de la patience. Il y a donc plusieurs façons de tuer les enfants. La mort lente est aussi inexorable que la foudroyante. Les mères palestiniennes apportaient à l’infirmerie, dans leurs bras, un petit tas de fagots desséchés : leurs gosses. Je les ai vus mourir... »
Le Monde diplomatique, 1974
"C'est peut-être la solitude morale - à quoi j'aspire - qui me fait admirer les traîtres et les aimer."
Le Journal du voleur, 1949
"J'ai déjà dit comme j'aime les odeurs. Les fortes odeurs de la terre, des latrines, des hanches d'Arabes et surtout l'odeur de mes pets. "
Notre-Dame des Fleurs, 1944
« À chaque accusation portée contre moi, fût-elle injuste, du fond du cœur je répondrai oui. (…) je sentais le besoin de devenir ce qu’on m’avait accusé d’être. (…) Je me reconnaissais le lâche, le traître, le voleur, le pédé qu’on voyait en moi. »
Journal du voleur, 1948 |
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