mamma medea
création en française
creatie in het Frans
 
11 > 29.10
 
Nederlandse boventiteling
Surtitrage en néerlandais
 
 
 

 

auteur tom lanoye
mise en scène / regie christophe sermet
 
   
   
   
la médée de tom lanoye raviT****


Toujours sans domicile fixe, le Rideau de Bruxelles fait cette fois étape au Kriekelaar, à Schaerbeek, et pose du même coup un geste fort : dans ce centre culturel flamand, avec surtitres néerlandais, il crée la version française de Mamma Medea de Tom Lanoye, écrivain flamand, d'un talent fou, héritier d'Hugo Claus. Et ce spectacle incandescent fera date dans la mise en scène de Christophe Sermet, focalisée autour de Médée, un rôle écrasant porté de bout en bout par Claire Bodson, écorchée, explosive, une "barbare" sauvage, torche de passion, de désespoir. Une toute grande comédienne. 

La traduction d'Alain Van Crugten jongle avec les différentes strates du langage de Lanoye : la langue des barbares de la Colchide (patrie de Médée), à la trivialité sonore, coulée en vers, celle du discours policé, drôle, au ras des pâquerettes, de Jason et de ses argonautes, et celle encore de la richesse poétique, métaphorique au parfum shakespearien et antique proférée par Médée. Une merveille ! Lanoye plonge aux racines de la tragédie tout en flirtant avec la comédie pour creuser "l'étrangeté" de Médée, sa quête de reconnaissance, les ravages monstrueux de sa passion pour Jason. Mamma Medea ou la mythologie d'un couple forgé dans le crime, source de toutes les guerres. 

"On ne connaît jamais un étranger", dira Médée face à un Jason (étonnant Yannick Renier), à la vanité nonchalante, genre "keep cool" (sic). Toute la distribution affirme des tempéraments tranchés dont Philippe Jeusette, grandiose en bestialité barbare, Fabrice Rodiguez et Francesco Italiano (qui nous offrira aussi une impayable composition en femme de ménage). 

Sermet a la poigne des vrais directeurs d'acteurs et l'intelligence de l'espace. Corps, regards, scénographie : tout irradie en dynamique juste. Des jouets colorés et une petite tente blanche translucide (maison, chambre, refuge) seront les trouées lumineuses d'une scène nue et noire, habitée d'une discrète bande-son. 

Tom Lanoye remonte aux sources et dévoile la jeunesse de Médée, sa rencontre avec Jason, les massacres pour ravir la fameuse Toison d'or : première partie épique faisant écho à la tragédie antique où les crimes ne sont pas représentés mais contés par des messagers (Pierre Hazaert et Nicolas Legrain) à l'excitation d'un commentateur de match, en partie devant une télévision aux entrailles vides. Par contre, le meurtre du jeune frère de Médée (guitariste lunaire d'Adrien Drumel) se fera sur le plateau et ce crime soude irrémédiablement Jason et Médée. 

La seconde partie devient scène de ménage, avec ses actes monstrueux mais aussi ses failles, ses gosses qui jouent (à la guerre, bien sûr) et qui demandent aux parents de se disputer moins fort... Tout avait commencé par un repas de famille enragé, deux heures plus tard, la pièce se clôt sur la solitude du couple, exsangue de sa tragédie. Une fin sublime. 

Michèle Friche © Le Soir 17/10/2011


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une médéE DE 2000 VOLTS ***

C’est d’abord l’histoire d’un couple qui se découvre, s’aime puis qui se déchire. Mais dans la création de Christophe Sermet, artiste associé au Rideau, c’est elle, Médée, qui fascine (…).
Elle est une Médée sauvage, un bloc de dynamite. C’est la Barbare, l’étrangère, la belle sorcière (toutes les femmes de caractère sont des sorcières disent les hommes depuis la nuit des temps), séduite par le beau Grec désinvolte venu chercher la Toison d’or sur son île. Mais quand celui-ci la délaissera pour la fille du roi Créon, elle fulminera d’une colère d’autant plus impressionnante qu’elle n’a pas besoin de cris. Sa rage est rentrée, volcan au bord de l’éruption. Alors, Médée a 2000 volts. (…)

L’excellente distribution (dont un Philippe Jeusette ignoble à souhait en roi des Barbares) est magnifiquement servie par ce texte. C’est la première fois qu’on joue Tom Lanoye en français avec sa langue ample, voluptueuse, carnassière, sensuelle, terrible. Et très bien traduite par Alain Van Crugten. Celui-ci a résolu de manière subtile la différence linguistique posée entre les civilisés (les Grecs) et les Barbares. A contre-courant de ce qu’on pourrait croire, mais cela marche, les Barbares, rustres et violents, parlent en vers, une langue riche et archaïque. Alors que les civilisés, au look sortis du Zoute, parlent avec un accent pincé une prose plus argotique. Quand Médée parle à Jason en alexandrins, celui-ci répond, "c’est cool".

La mise en scène efficace et sobre de Christophe Sermet et l’usage de micro (…), achèvent de rendre passionnants ce spectacle, cette réflexion sur l’Autre.

Ajoutons qu’il n’est pas anodin que le Rideau, parti du Palais des Beaux-Arts, ait voulu ouvrir sa saison sur un grand auteur flamand, avec un spectacle surtitré en néerlandais et joué dans un centre culturel flamand de Schaerbeek. Allez y sentir la lave brûlante de Médée.

Guy Duplat © La Libre Belgique 13/10/2011

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Médée, le mythe en chair ****

[…]
Si cette création switche clairement entre tragédie et comédie sociale, elle va en réalité encore plus loin. D’abord parce qu’elle propose une identification forte et floue en même temps. Les personnages sont proches de nous mais relativement éloignés par leur dimension mythique incontestable.
Le texte se veut presque schizophrénique (dans l’acception basique) tant il caractérise des confrontations - plus que des rapports - au monde radicalement différentes (l’époque de la tragédie et maintenant).
Cette dimension particulière, la gestion scénique parvient justement à l’accompagner en une approche minimale laissant beaucoup de place à l’expression forte des voix et des corps. Même le choix musical est bien pensé. Du Blues en live. Sans doute pour son côté ambivalent brut et complainte mélodique.
C’est intense et le plaisir est peut-être aussi de constater que le récit est toujours à réinventer.

Samuel Bury © www.demandezleprogramme.be 14/10/2011

 

 

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Le couple selon Médée

Le Théâtre du Rideau de Bruxelles ouvre sa saison sous le signe du politique en programmant un auteur flamand, dans un théâtre flamand, surtitré en flamand, mis en scène par un francophone, joué par une équipe francophone et proposé par un théâtre francophone. C'est "Mamma Medea" de Tom Lanoye, auteur flamand en plein succès, non seulement en Flandre mais aussi aux Pays-Bas et en Allemagne où il est l'un des contemporains les plus joués. (…)

Médée, c'est la Barbare qui tombe passionnellement amoureuse de Jason, le Grec, et qui, pour lui, puis contre lui, versera le sang des siens et tuera ses propres enfants. La "Medea" de Lanoye est revisitée, encore un peu mythologique, mais surtout très contemporaine et surtout très axée sur le couple, sa construction et sa destruction.

Un sujet qui tient à coeur à Christophe Sermet, le metteur en scène, qui fait ici un excellent travail pour rendre toute la contemporanéité de l'histoire, qui occupe l'espace avec un rare talent, dans une économie de moyens pertinente. Et qui parvient à distiller, dans cet univers oppressant de cris, de violence, de passion, quelques secondes d'humour.
(…)
Claire Bodson (Médée) est impressionnante dans ce rôle de femme ravagée qui se bat comme un homme; quand la brève apparition de Mathilde Rault (Créuse) est parfaite d'ingénue fraîcheur.

Cécile Berthaud © L’Echo 15/10/2011

 

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Médée polyglotte

Après des versions allemande, espagnole et polonaise, la Mamma Medea du Flamand Tom Lanoye trouve enfin son adaptation en français. Merci le Rideau !

Valérie Colin © Le Vif L’Express 14/10/2011

 

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EN FRANÇAIS
Mamma Medea et les autres…


Grâce au formidable travail de traduction d’Alain van Crugten, les textes de Tom Lanoye commencent enfin à être joués en français. (…) L’actualité immédiate, c’est Mamma Medea mis en scène par Christophe Sermet pour le Rideau de Bruxelles. « Peut-être ne me serais-je pas arrêté au mythe écrasant de Médée s’il n’y avait pas eu celle de Tom Lanoye, écrit le metteur en scène. Tom Lanoye s’amuse à détourner, à tordre la tragédie pour lui donner une forme inattendue, à la dérouter vers la comédie. On y sen tune liberté d’humour, de poésie et de fulgurance tragique. » Tout un programme.

J.-M. W. © Le Soir 06/10/2011

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Mamma Medea, choc frontal barbarie-civilisation : puissant.

Tom Lanoye, figure emblématique de la littérature flamande, n’est connu, des francophones, que par ses productions à… Avignon, avec Guy Cassiers, dont cet été, en Cour d’Honneur, « Le chant de Jeanne et Gilles ». Excellente idée, donc, du Rideau de Bruxelles, de monter sa pièce Mamma Medea, dans un centre culturel flamand de Bruxelles, en français …surtitré en néerlandais. Joli clin d’œil pour les ex-locataires de Bozar.

Critique:***(*)

A ma connaissance, Mamma Medea n’a été jouée qu’une fois, en flamand, il y a 10 ans, à Anvers. Donc, même pour les Flamands de Bruxelles, ce sera une découverte, ce  texte de Tom Lanoye, dans une version française d’Alain Van Crugten - le traducteur réputé des vedettes flamandes, dont le fameux Chagrin des Belges d’Hugo Claus. Ajoutez des surtitres en néerlandais,  dans un lieu, De Kriekelaar, le centre culturel flamand de Schaerbeek, et vous aurez tous les ingrédients d’une communication - politique et culturelle à la fois - de qualité, en ces temps difficiles. D’autant que Tom Lanoye est un chantre du dialogue communautaire et n’hésite pas à tenir tête à Bart De Wever.
Au fait. Mamma Medea joue sur plusieurs  tableaux. Au centre, bien sûr, la figure tragique de Médée, l’infanticide, mais « retravaillée » et dans sa psychologie et dans sa relation avec sa famille « barbare » et dans son rapport au monde « civilisé », les Grecs, incarné par Jason. Cette première partie, « épique » est centrée sur l’épreuve imposée à Jason par le tyran, père de Médée, Aiétès-  -pour conquérir la fameuse « Toison d’Or » et sur le coup de foudre de Médée pour le beau « civilisé ».

La seconde partie, plus « moderne », est focalisée sur un dialogue intense et surprenant  entre Médée et  Jason, beaucoup plus  subtil que dans la tradition grecque classique - basée sur  une vengeance mythologique expéditive, pour cause de jalousie d’une cruauté animale. Ici Médée et Jason dialoguent  comme un couple moderne, avec la puissance physique…de la femme « barbare », dominante, face au subtil Grec « civilisé », dominé, mais jamais à court d’arguments… et d’infidélités. Le final, pas classique, en surprendra plus d’un.

L’incarnation  des héros antiques par deux protagonistes aussi forts que Claire Bodson et Yannick Renier  est un des bonheurs de la mise en scène de Christophe Sermet.  Avec, un petit bémol technique, auquel il pourra être remédié assez facilement: Claire Bodson (et quelques autres acteurs dont Philippe Jeusette, jouant le tyran Aiétès, en force) utilisent, surtout dans la première partie, sur cet immense plateau, une  sono mal maîtrisée, ce qui donne l’impression qu’ils « surjouent ». Or la sono est faite pour humaniser le jeu « théâtral ». Après l’entracte,  ces défauts disparaissent.
Autre surprise (bonne) et contraste (drôle) voulus par Lanoye et bien traduits par les scénographes, Katrijn Baeten et Saskia Louwaard: les barbares – toute la famille « colchidienne « de Médée, dont son père le tyran Aiétès - s’expriment en vers (comme dans une tragédie racinienne, superbe traduction d’Alain Van Crugten) mais sont vêtus comme des brutes. Les Grecs, Jason et ses deux complices, en élégant complet veston beige, poitrail entr’ouvert,  parlent un langage « branché » contemporain,  « cool », quoi . A la création, en  néerlandais, en 2001, des acteurs flamands, avec accent local, étaient les « barbares », alors que les Grecs civilisés étaient des acteurs hollandais parlant un pur « ABN » (algemeen beschaafd Nederlands). La mise en scène de Christophe Sermet parvient, avec un décor minimaliste, à occuper l’immense plateau avec une belle maîtrise de l’espace par les acteurs. Et à ménager des aspects humoristiques, qui allègent la pâte.

Au total un texte splendide, quasi shakespearien, un cadeau pour des acteurs fringants et un public bilingue, très jeune … très sage, et très enthousiaste, à la fin, ce qui prouve qu’on peut amener un public jeune au théâtre… sans chercher la facilité.

Le blog critique de Christian Jade © www.rtbf.be 20/10/2011


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